Parce que l’allaitement n’est pas qu’une histoire de femme, les papas ont aussi leur rôle à jouer. Et certains l’ont parfaitement compris. Quatre d’entre eux nous racontent
Ma première participation à l’allaitement de ma femme a été l’achat de bouts de sein en silicone. Je me souviens les avoir demandés à la pharmacienne avec autant de naturel que possible, comme j’aurais demandé une boîte d’aspirine. Mais je ne vais pas mentir : j’étais assez gêné. Bien que, d’un autre côté, c’était plutôt cocasse et amusant. Il faut dire que je ne m’étais jamais imaginé me retrouver dans cette situation !
Alex, 30 ans
Les premiers mois, je me levais la nuit pour changer le petit et l’amener au sein quand venait le moment de la tétée. Ensuite, c’est moi qui allais le recoucher. Je ne travaillais pas à l’époque, et j’ai donc pu participer pleinement à tous les « premiers moments ». Le jour, j’aidais Marie à positionner notre fils pour que tout se déroule parfaitement, comme on nous l’avait montré à la maternité. C’était important pour nous ; nous y tenions beaucoup. Et à les regarder tous les deux, j’avoue que c’était assez émouvant.
Franck, 36 ans
Sophie a eu du mal à allaiter notre deuxième fils. Pour le premier, elle n’avait pas souhaité le faire, mais là, elle en avait eu envie. Je l’ai soutenue à 100 % dans chacune de ses décisions. Malheureusement, les débuts ont été chaotiques, et je l’ai vue culpabiliser comme jamais devant les pleurs de Léo, et ses difficultés à prendre le sein. Elle s’en voulait de ne pas y arriver. Avec la fatigue, chaque tétée est devenue plus pénible. Ça m’a beaucoup tracassé. Je ne pouvais pas rester là, impuissant. J’en ai parlé à ma sœur, qui m’a suggéré les conseils d’une conseillère en lactation à domicile. Je me suis dit banco ! Et j’ai émis l’idée à ma femme. Pour le coup, ça l’a bien aidée. Elle a retrouvé confiance en elle. Et en l’allaitement.
Guillaume, 29 ans
J’ai aidé ma femme à arrêter d’allaiter, ce qui compte tout autant, non ? Caroline n’était pas vraiment convaincue par l’allaitement au sein avant la naissance de Manon, mais, vivant en Allemagne, où la pression de l’allaitement est très forte, elle a accepté d’essayer. Et ça a été le fiasco ! On n’a jamais vraiment su si Manon n’était pas bien installée ou si elle ne tétait pas assez (sûrement un peu des deux), mais les soucis se sont enchaînés : trois engorgements, crevasses, fièvre… Manon perdait du poids et Caroline vivait très mal la situation. Elle a voulu arrêter au bout d’un mois, mais, face à son énorme baby-blues et au discours hyper-culpabilisant de la sage-femme, elle n’a pas réussi à s’écouter. Un jour, la sage-femme est venue à la maison, a vu son abcès qui se développait depuis trois semaines, et nous a dit : « C’est à vous de voir si vous voulez des antibiotiques. » C’en était trop. Je suis sorti de mes gonds et je lui ai dit que c’était inadmissible qu’elle ne nous ait pas orientés vers un traitement avant, qu’elle ne prenne pas en compte la souffrance physique et psychique de Caro. J’ai conclu par un vindicatif « On arrête là. » Caroline m’a confié plus tard que c’était pile ce dont elle avait besoin, mais qu’elle n’était pas capable de l’exprimer. Un mois plus tard, l’abcès était parti et Manon sevrée. Mon épouse a retrouvé le moral et on a pu vivre les vrais premiers moments heureux, sans stress.
Jules, 34 ans